Chirurgie des parathyroïdes
Les glandes parathyroïdes sont des glandes endocrines (organes chargés de produire des hormones libérées dans la circulation sanguine) habituellement situées dans le cou, au contact de la glande thyroïde. Leur emplacement exact, de même que leur nombre peut varier (rares positions extra-cervicales, dans le thorax par exemple).
Habituellement, les glandes parathyroïdes sont au nombre de 4 (2 par côté : P3 parathyroïde inférieure et P4 parathyroïde supérieure) et mesurent moins de 5 mm chacune. Elles sécrètent dans leur fonctionnement normal une hormone appelée parathormone (PTH) qui régule le taux de calcium et de phosphore dans le sang et les tissus.
Le plus souvent, la chirurgie des parathyroïdes a pour but l’ablation d’un (ou plus rarement plusieurs) adénome (lésion bénigne entraînant une augmentation de la sécrétion de l’hormone parathyroïdienne).
Préparation à l’intervention
Dans la majorité des cas, aucun traitement et aucune préparation spécifique n'est nécessaire.
Les examens habituellement nécessaires avant une chirurgie parathyroïdienne (à contrôler en consultation pré-opératoire) sont :
- Échographie cervicale récente (<6 mois) : toujours nécessaire.
- Résultats de la prise de sang : toujours nécessaire.
- Examen scintigraphique ou scanner du cou et du thorax avec injection de produit de contraste : toujours nécessaire.
Ces examens vont permettre de localiser la ou les parathyroïde(s) à retirer.

Hospitalisation
Si l’intervention prévue est l’ablation d’un adénome parathyroïdien unique, l’hospitalisation est habituellement prévue le jour même (J0) ou plus exceptionnellement la veille de l'intervention. En cas d’hospitalisation le jour même de l’intervention (J0), on autorise la prise d’un petit déjeuner léger avant 7H du matin afin de respecter un jeûne minimum de 6H avant l’anesthésie générale.
En cas d’ablation d’un adénome parathyroïdien unique bien repéré (cas le plus fréquent), l’hospitalisation peut être ambulatoire (hospitalisation le jour de l’intervention et retour à domicile le même jour avec une personne accompagnante).
Dans le cas particulier et rare d’une chirurgie plus complexe (adénomes multiples, résection sub-totale des para-thyroïdes dans le contexte d’une insuffisance rénale) la durée d’hospitalisation peut être prolongée de plusieurs jours.
Les différentes Interventions
La durée des différentes interventions est variable, entre 30 minutes pour l’ablation simple d’un adénome parathyroïdien unique parfaitement repéré par les différents examens pré-opératoire à plus de 2 heures pour des procédures complexes (parathyroïdectomie subtotale).
Selon votre dossier, l'intervention envisagée sera :
- La résection simple d’un adénome parathyroïdien préalablement repéré par les différents examens (scintigraphie, échographie etc.). C’est le cas de figure le plus simple et le plus fréquent : il s’agit souvent d’une prise en charge ambulatoire. La durée opératoire dans ce cas est estimée entre 30 minutes et 1 h 30.
- La résection d’un ou plusieurs adénomes après exploration des sites parathyroïdiens. Il s’agit d’une situation plus délicate. L’intervention est plus longue et une hospitalisation de quelques jours habituellement nécessaire.
- Une parathyroïdectomie subtotale, durant laquelle la majorité du tissu parathyroïdien est enlevé. Cette éventualité concerne essentiellement les patients insuffisants rénaux (hyperparathyroïdie tertiaire). Il s’agit d’une intervention plus complexe, dont l’indication reste peu fréquente et qui nécessite une hospitalisation en soins intensifs dans la période post-opératoire, afin de contrôler au plus près le taux de calcium dans le sang.
- Chirurgie d’un adénome parathyroïdien extra-cervical (ou ectopique): cette situation peu fréquente concerne l’ablation d’un adénome parathyroïdien situé en dehors de la zone du cou (par exemple dans le thorax). Dans ce cas, la voie d’abord chirurgicale, préférentiellement mini-invasive, est adaptée à la position de l’adénome (thoracoscopie robotique notamment).
Ces différentes possibilités seront exposées lors de la consultation de chirurgie.
Systématiquement, un examen au microscope de la lésion retirée sera effectué pendant l’intervention (analyse anatomopathologique extemporanée) : il consiste à confirmer la nature parathyroïdienne de la lésion. En fonction des résultats, une intervention plus importante que celle prévue initialement peut être nécessaire (exploration des autres sites parathyroïdiens par exemple).
Cet examen anatomopathologique dit « extemporané » n’est pas définitif, car il comporte des limites : il sera complété par un examen définitif dont le résultat sera rendu lors de la consultation post-opératoire à 1 mois.
C’est pourquoi le plus souvent, on attendra le résultat de l’examen définitif de la pièce opératoire. Une nouvelle intervention pourra exceptionnellement être nécessaire en cas d’échec de la procédure.
Cicatrice
La cicatrice (cervicotomie) est horizontale, située à la base et au milieu du cou. Elle mesure de 4 à 5 cm de longueur selon le type d’intervention envisagé. Elle est habituellement réalisée dans le pli cutané inférieur du cou pour obtenir le meilleur résultat esthétique possible.
La cicatrice est refermée avec une colle chirurgicale qui agit également comme un pansement. Cette colle va tomber spontanément dans les 3 semaines qui suivent l’intervention. La douche est permise dès le lendemain de l’intervention (savon doux et séchage par tamponnement). On note fréquemment la constitution d’un « bourrelet » au niveau de la cicatrice dans les semaines qui suivent l’intervention. Celui-ci va s’estomper au fur et à mesure après le 3ème mois post-opératoire.
À partir du moment où la colle chirurgicale a disparu, il est souhaitable, si la zone de la cicatrice n’est pas douloureuse, de masser cette zone à l’aide d’une crème hydratante en pratiquant deux fois par jour pendant quelques minutes des mouvements circulaires doux. L’aspect final de la cicatrice est habituellement obtenu 6 mois environ après l’intervention. Il est vivement conseillé de protéger la zone du cou des rayons du soleil pendant cette période pour éviter un « effet tatouage ».
Chez la majorité des patients, il ne persiste après 6 mois qu’une fine ligne très discrète, cependant certains patients (plus fréquemment en cas de peau fortement pigmentée) peuvent développer des cicatrices plus rouges ou parfois en relief (aussi nommée « chéloïde »). Il n’est malheureusement pas possible de prévenir ce phénomène. Un traitement spécifique de la cicatrice pourra éventuellement être envisagé à distance de l’intervention.
Anesthésie

L'intervention est actuellement toujours réalisée sous anesthésie générale.
Une infiltration de la cicatrice par un anesthésiant local est habituellement réalisée en fin d’intervention pour limiter au maximum la gêne post-opératoire au réveil.
Une prise de sang sera réalisée en salle de réveil pour contrôler le taux de calcium et le taux de parathormone après l’intervention.
Douleur postopératoire
Les interventions sur les parathyroïdes sont habituellement peu douloureuses. Les douleurs sont traitées par des antalgiques simples de niveau 1 (paracétamol).
Vous pouvez cependant ressentir dans la période post-opératoire :
• Des douleurs dans le cou, surtout si vous êtes sujets à l'arthrose cervicale. Ceci est dû à la position sur la table d'opération (légère hyperextension du cou).
• Une gêne dans la gorge et une difficulté à avaler pendant les premiers jours.
Un test de déglutition (avaler la salive) sera systématiquement réalisé après l’intervention en salle de réveil pour permettre une réalimentation la plus précoce possible.
Soins postopératoires
Parfois, 1 seul drain de faible diamètre est laissé en place pendant 24 à 48H ; cette éventualité concerne essentiellement l’ablation subtotale des parathyroïdes. Son ablation est rapide et habituellement indolore. Il n'y a aucun soin particulier à faire sur la cicatrice, notamment pas de fils à retirer, car on utilise actuellement une colle chirurgicale qui va permettre de fermer la cicatrice tout en faisant office de « pansement ». Cette colle tombera spontanément dans les 3 semaines qui suivent l’intervention.
Lorsque la colle est tombée, la cicatrisation est habituellement définitive. Il persiste souvent une sorte de « bourrelet » dont on peut améliorer encore l’aspect en pratiquer un massage doux et circulaire biquotidien pendant quelques semaines en s’aidant d’une crème hydratante. Il est recommandé de ne pas exposer la cicatrice au soleil pendant 6 mois. Si nécessaire, un bon de transport vous sera prescrit pour le retour à domicile.
Après une chirurgie sur la ou les glandes parathyroïdes, un arrêt de travail minimal de 15 jours vous sera prescrit.
Habituellement, une consultation chirurgicale post-opératoire systématique sera prévue 48H après l’intervention puis 1 mois après l’intervention avec réalisation systématique d’une prise de sang (vérification du taux de calcium dans le sang).
La consultation avec votre endocrinologue référent ou, le cas échéant, avec votre médecin traitant sera prévue dans les 8 à 10 semaines suivant l’intervention.
Risques opératoires
Comme lors de toutes les interventions chirurgicales, des complications sont possibles. Cependant, elles restent peu fréquentes.
- Modification de la voix :
La chirurgie des parathyroïdes implique une dissection en contact étroit avec certains nerfs contrôlant la mobilité des cordes vocales et donc la voix (nerf laryngé récurrent, nerf laryngé supérieur). Rarement, ce contact peut entraîner un dysfonctionnement de ces nerfs après l’intervention qui peut nécessiter une rééducation post-opératoire (orthophonie). Pour diminuer ce risque, notamment si une parathyroïdectomie subtotale est envisagée, on va contrôler le bon fonctionnement du nerf pendant l’intervention à l’aide d’une sonde spécialement conçue.
Il ne faut pas confondre cette rare complication avec l'enrouement passager que l'on observe fréquemment au cours des premiers jours dans la période post-opératoire et qui est due à l'irritation des cordes vocales lors de l’intubation (anesthésie générale) et à l’inflammation des tissus du foyer opératoire.
- Baisse importante du taux de calcium dans le sang (hypocalcémie sévère) :
Cette complication est peu fréquente. On vérifie systématiquement le taux de calcium dans le sang avant un éventuel retour à domicile. Une administration de calcium par la bouche ou par voie intraveineuse peut alors être nécessaire, rallongeant souvent la durée de l’hospitalisation.
- Hémorragie et hématome post-opératoire :
La survenue d’une hémorragie ou d’un hématome important au niveau du cou dans la période post-opératoire est une éventualité exceptionnelle, mais peut dans de très rares cas imposer une nouvelle intervention en urgence.
- Risque d’infection du site opératoire :
Ce risque est exceptionnel, car la région du cou est remarquablement bien irriguée par de nombreux vaisseaux sanguins.
- Risque d’échec de la procédure :
Ce risque est lié à la persistance d’une ou plusieurs parathyroïdes anormales non détectées. Une nouvelle intervention peut parfois être nécessaire.
Cette liste de complications est donnée à titre d'information. Elle ne doit pas faire oublier que la chirurgie des parathyroïdes notamment en cas d’adénome unique bien identifié – cas le plus fréquent - a des suites simples dans la grande majorité des cas.
Les consultations chirurgicales et d’anesthésie pré-opératoires restent des moments privilégiés pour discuter de la prise en charge proposée et poser toutes les questions nécessaires.