Préparation à l’intervention

Dans la majorité des cas, aucun traitement et aucune préparation spécifique n'est nécessaire. 

Dans certaines maladies spécifiques (hyperthyroïdies), un traitement par des médicaments de type antithyroïdiens de synthèse et/ou bêtabloquants vous aura peut-être été prescrit. Il est alors nécessaire d’interrompre la prise d’antithyroïdien de synthèse la veille de l’intervention et de contrôler par une prise de sang le taux d’hormones thyroïdiennes et le taux de globules blancs.

Les examens habituellement nécessaires avant une chirurgie thyroïdienne (à contrôler en consultation pré-opératoire) :

  • Échographie thyroïdienne récente (<6 mois) : toujours nécessaire.
  • Résultats de la prise de sang : toujours nécessaire.
  • Scanner du cou et du thorax avec injection de produit de contraste : parfois nécessaire (goitre plongeant).

Hospitalisation

Si l’intervention prévue est l’ablation complète de la thyroïde (thyroïdectomie totale), l'hospitalisation est habituellement prévue le jour même (J0) ou plus exceptionnellement la veille de l'intervention. En cas de traitement en cours pour une hyperthyroïdie (médicaments de type antithyroïdiens de synthèse), vous devrez suspendre votre traitement la veille de l’intervention et une prise de sang vous sera prescrite afin de vérifier votre bilan hormonal et le taux de globules blanc. En cas d’hospitalisation le jour même de l’intervention (J0), on autorise la prise d’un petit déjeuner léger avant 7H du matin afin de respecter un jeûne minimum de 6H avant l’anesthésie générale. 

La durée moyenne d'hospitalisation après ablation complète de la thyroïde est de 48H (2 nuitées). 

En cas d’ablation partielle de la thyroïde, on organise le plus souvent une hospitalisation ambulatoire (hospitalisation le jour de l’intervention et retour à domicile le même jour avec une personne accompagnante). Dans le cas particulier de la chirurgie d’un goître plongeant, l’hospitalisation peut être prolongée pendant quelques jours si nécessaire.

Les différentes Interventions

Selon votre dossier, l'intervention envisagée sera : 

  • La résection simple d’un nodule thyroïdien en respectant le reste de la glande thyroïde ou plus fréquemment l'ablation d'un lobe de la thyroïde (appelée lobectomie ou lobo-isthmectomie (cas le plus habituel). La durée opératoire dans ce cas est estimée entre 1h et 1h1/2. Dans environ 70% des cas, l’ablation partielle de la thyroïde ne nécessite aucun traitement hormonal substitutif après l’intervention.
  • Une thyroïdectomie totale, où tout le tissu thyroïdien est enlevé. Cette éventualité concerne essentiellement les goitres multinodulaires (plusieurs nodules dans les 2 lobes), le traitement chirurgical de la maladie de Basedow et plus rarement certains cancers thyroïdiens. Un traitement substitutif par hormones thyroïdiennes est alors nécessaire. Il est débuté dès le lendemain de l’intervention.
  • Certains goitres sont plongeants : ceci signifie qu’une partie parfois volumineuse de la glande thyroïde se développe vers le bas du cou, dans le thorax. On préconise habituellement l’ablation de ces goitres, car ils peuvent entraîner une compression de la trachée notamment. Dans de rares cas, l’intervention devra comporter une ouverture du thorax partielle ou complète  ce qui va habituellement rallonger l’hospitalisation.
  • L’ablation des ganglions autour de la thyroïde peut parfois être nécessaire (curage ganglionnaire). Cette éventualité est rare et ne concerne que certains cancers thyroïdiens. L'incision cervicale est alors habituellement plus importante et l'hospitalisation plus longue. 

Ces différentes possibilités seront exposées lors de la consultation de chirurgie. Rarement, un examen au microscope d’un nodule thyroïdien sera effectué pendant l’intervention  (analyse anatomopathologique extemporanée): il consiste à vérifier la nature exacte du nodule enlevé. En fonction des résultats, une intervention plus importante que celle prévue initialement peut être nécessaire (une lobectomie thyroïdienne pouvant alors être convertie en thyroïdectomie totale par exemple). 

Cet examen anatomopathologique dit « extemporané » n’est pas systématique car il comporte des limites.

C’est pourquoi le plus souvent, on attendra le résultat de l’examen définitif de la pièce opératoire. Une nouvelle intervention pour compléter la première chirurgie peut alors être décidée ultérieurement mais cette éventualité est devenue peu fréquente.

Cicatrice

 La cicatrice (cervicotomie) est horizontale, située à la base du cou.  Elle mesure de 4 à 8 cm de longueur selon le type d’intervention envisagé. Elle est habituellement réalisée dans le pli cutané inférieur du cou pour obtenir le meilleur résultat esthétique possible. Dans le cas d’un volumineux goitre plongeant, cette cicatrice pourra éventuellement se prolonger vers le thorax (forme en « T »). La cicatrice est refermée avec une colle chirurgicale qui agit également comme un pansement. Cette colle va tomber spontanément dans les 3 semaines qui suivent l’intervention. La douche est permise dès le lendemain de l’intervention (savon doux et séchage par tamponnement). On note fréquemment la constitution d’un « bourrelet » au niveau de la cicatrice dans les semaines qui suivent l’intervention. Celui-ci va s’estomper au fur et à mesure après le 3ème mois post-opératoire. 

À partir du moment où la colle chirurgicale a disparu, il est souhaitable, si la zone de la cicatrice n’est pas douloureuse, de masser cette zone à l’aide d’une crème hydratante en pratiquant deux fois par jour pendant quelques minutes des mouvements circulaires doux. L’aspect final de la cicatrice est habituellement obtenu 6 mois environ après l’intervention. Il est vivement conseillé de protéger la zone du cou des rayons du soleil pendant cette période pour éviter un « effet tatouage ».

Chez la majorité des patients, il ne persiste après 6 mois qu’une fine ligne très discrète, cependant certains patients (plus fréquemment en cas de peau fortement pigmentée) peuvent développer des cicatrices plus rouge ou parfois en relief (aussi nommée « chéloïde »). Il n’est malheureusement pas possible de prévenir ce phénomène. Un traitement spécifique de la cicatrice pourra éventuellement être envisagé à distance de l’intervention.

Anesthésie

L'intervention est toujours réalisée sous anesthésie générale. Une infiltration de la cicatrice par un anesthésiant local est habituellement réalisée en fin d’intervention pour limiter au maximum la gêne post-opératoire au réveil. Immédiatement après l’intervention, en salle de réveil, la voix et la déglutition seront testées.

Douleur postopératoire

Les interventions sur la glande thyroïde sont habituellement peu douloureuses. Vous pouvez cependant ressentir dans la période post-opératoire :


Des douleurs dans le cou, surtout si vous êtes sujets à l'arthrose cervicale. Ceci est dû à la position sur la table d'opération (légère hyperextension du cou).
Une gêne dans la gorge et une difficulté à avaler pendant les premiers jours. 

Un test de déglutition (avaler la salive) sera systématiquement réalisé après l’intervention en salle de réveil pour permettre une réalimentation la plus précoce possible (le plus souvent le jour même de l’intervention).

Soins postopératoires

Parfois, 1 seul drain de faible diamètre est laissé en place pendant 24 à 48H ; cette éventualité concerne essentiellement l’ablation complète de la thyroïde ou la chirurgie d’un goitre plongeant. Son ablation est rapide et habituellement indolore. 

Il n'y a aucun soin particulier à faire sur la cicatrice, notamment pas de fils à retirer car on utilise actuellement une colle chirurgicale qui va permettre de fermer la cicatrice tout en faisant office de « pansement ». Cette colle tombera spontanément dans les 3 semaines qui suivent l’intervention. Lorsque la colle est tombée, la cicatrisation est habituellement définitive. Il persiste souvent une sorte de « bourrelet » dont on peut améliorer encore l’aspect en pratiquer un massage doux et circulaire biquotidien pendant quelques semaines en s’aidant d’une crème hydratante.

Il est recommandé de ne pas exposer la cicatrice au soleil pendant 6 mois. Un traitement substitutif par hormones thyroïdiennes peut être prescrit le jour de votre sortie, la dose sera adaptée à chaque situation. Un bilan thyroïdien (prise de sang) sera réalisé 1 à 2 mois après votre intervention. En fonction des résultats de ce bilan sanguin, votre endocrinologue jugera si un traitement est nécessaire et quelle dose doit être envisagée (thyroïdectomie partielle) ou s'il faut modifier la dose du traitement hormonal prescrit lors de la sortie (thyroïdectomie totale). 

Si nécessaire, un bon de transport vous sera prescrit pour le retour à domicile.

Après une chirurgie sur la glande thyroïde, un arrêt de travail minimal de 15 jours vous sera prescrit. Habituellement, la consultation chirurgicale post-opératoire systématique sera prévue 1 mois après l’intervention avec si nécessaire la réalisation 48H avant d’une prise de sang. La consultation avec votre endocrinologue référent ou, le cas échéant, avec votre médecin traitant sera prévue dans les 8 à 10 semaines suivant l’intervention.

Risques opératoires

Comme lors de toutes les interventions chirurgicales, des complications sont possibles. Cependant, elles restent peu fréquentes.

  • Modification de la voix : 

La chirurgie de la thyroïde implique un contact étroit avec certains nerfs contrôlant la mobilité des cordes vocales et donc la voix (nerf laryngé récurrent, nerf laryngé supérieur). Rarement, ce contact peut entraîner un dysfonctionnement de ces nerfs après l’intervention. Certaines maladies de la thyroïde (maladie de Basedow, goitre plongeant) exposent plus fréquemment à une lésion des nerfs en cours d'intervention, aboutissant à une modification de la voix et de la déglutition qui peut nécessiter une rééducation post-opératoire (orthophonie). 

Pour diminuer ce risque, notamment si une thyroïdectomie totale est envisagée, on va contrôler le bon fonctionnement du nerf pendant l’intervention à l’aide d’une sonde spécialement conçue. Il ne faut pas confondre cette rare complication avec l'enrouement passager que l'on observe fréquemment au cours des premiers jours dans la période post-opératoire et qui est due à l'irritation des cordes vocales lors de l’intubation (anesthésie générale) et à l’inflammation des tissus du foyer opératoire. 

  • Baisse du taux de calcium (hypocalcémie) : 

Cette complication rare ne concerne que les interventions comprenant une thyroïdectomie totale. En effet, lors de l’ablation complète de la glande thyroïde, les 4 petites glandes situées au contact de la thyroïde et nommées glandes para-thyroïdes peuvent être endommagées, entraînant dans la période post-opératoire une baisse du taux de calcium dans le sang (hypocalcémie) qui doit être dépistée. Une administration de calcium par la bouche ou par voie intraveineuse peut alors être nécessaire, rallongeant souvent la durée de l’hospitalisation.

  • Hémorragie et hématome post-opératoire :

La thyroïde est un organe irrigué par de nombreux vaisseaux sanguins. La survenue d’une hémorragie  ou d’un hématome important au niveau du cou dans la période post-opératoire est une éventualité exceptionnelle mais peut dans de très rares cas imposer une nouvelle intervention en urgence. 

  • Risque d’infection : 

Ce risque est exceptionnel car la région du cou est remarquablement bien irriguée par de nombreux vaisseaux sanguins et peu susceptible de s’infecter ou de présenter un problème de cicatrisation. Cette liste de complications est donnée à titre d'information. Elle ne doit pas faire oublier que la chirurgie de la thyroïde a des suites simples dans la grande majorité des cas.  Les consultations chirurgicale et d’anesthésie pré-opératoires restent des moments privilégiés pour discuter de la prise en charge proposée et poser toutes les questions nécessaires.

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